Rrouu rrouu, les nouvellistes français se sont-ils faits pigeonner par l’industrie du livre ?
Et si on vous disait que les nouvelles ont popularisé la littérature de genre ? Weird Tales, Amazing Stories, Astounding … Au XXe siècle, les pulps ont propulsé Lovecraft, Howard, et tous les grands auteurs de l’Imaginaire dans les foyers grâce aux récits courts et bon marché.
Ces histoires percutantes ont créé un vaste bouillon de culture d’où sont sortis la SF, la fantasy, le fantastique contemporains, ainsi que toutes leurs déclinaisons. Le format de la nouvelle a été le laboratoire de l'Imaginaire. Nous, lecteurs et éditeurs de SFFF, lui devons tout !
Seulement aujourd’hui, les nouvelles sont déconsidérées par le grand public et certains acteurs du milieu littéraire. Les nouvellistes sont trop souvent considérés comme des « débutants », et la nouvelle comme un tremplin vers le seul art « noble » : le roman.
Que s’est-il passé ? Comment la nouvelle est-elle passée de héros en zéro ? Les raisons sont multiples, mais nous identifions deux facteurs principaux : la visibilité et la rémunération.
La visibilité d’abord. Seule, la nouvelle n’a pas trouvé sa place en librairie ni dans le circuit de distribution-diffusion. Les nouvelles sont donc le plus souvent réunies au sein de recueils, d'anthologies ou d'œuvres collectives, dans lesquelles les auteurs sont invisibilisés.
Regardez les couvertures, le référencement dans les boutiques en ligne et les bases Electre ou Dilicom. Voyez-vous les noms des auteurs ? Si vous ne les voyez pas, dites-vous que les acteurs institutionnels non plus (et le grand public encore moins).
Bref, si l’on n'écrit que de la nouvelle, difficile de se faire connaître. La nouvelle n’est pas un bon filon pour gagner de la notoriété ou de la considération professionnelle en dehors du fandom.
La rémunération, ensuite. Il y a des acteurs vertueux, mais l’on a surtout entendu des pratiques effroyables. Quelques dizaines d’euros pour une publication dans de grandes revues. Quelques menus pour cent divisés entre de nombreux coauteurs. Voire pas de rémunération avant un grand nombre de ventes, sans accompagnement pour la promotion, avec un exemplaire gratuit pour seul salaire (pour les suivants, c’est une vingtaine d’euros à débourser). Bref, pour un auteur, ce n’est pas avec les nouvelles que l'on fait sa vie.
Alors quoi ? La nouvelle serait-elle un sous-produit de l’industrie littéraire ? Une bafouille vite écrite, vite casée, vite oubliée (et mal payée) ? Permettez-nous d’en douter.
À l’heure du zapping, des piles à lire interminables et des bonnes résolutions (oui, vous là-bas, vous avez juré de vous remettre à la lecture !), nous voyons un bel intérêt aux nouvelles et un moyen plus doux de se remettre à lire.
Pour l’auteur, le temps de création d’une nouvelle est globalement plus court que celui du roman. Si les plus productifs réalisent un roman en un an, ils pourraient bien écrire 4 ou 5 nouvelles dans le même intervalle pour multiplier leur potentiel de publication (et de rémunération).
Pour l’éditeur, le temps de sélection et de préparation des textes est également réduit. Il est moins impressionnant de traiter 1.000 propositions de nouvelles que 1.000 projets de romans ! Et l'on ne parle même pas des différences de coût d'impression.
Pour le lecteur, le prix est plus doux, les histoires plus rapides à lire et le format plus adapté à un quotidien toujours plus rapide. A l'instar de ces belles images qui valent souvent de longs discours, des textes courts et ciselés peuvent laisser autant de souvenirs mémorables que des décalogies.
Chez les Éditions 1115, nous ne sommes pas nostalgiques. Nous ne sommes pas romantiques non plus. Nous avons envie de proposer des solutions pragmatiques pour redonner une place à la nouvelle dans le paysage littéraire français comme dans le porte-feuille des auteurs.
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