DANS LES COULISSES (création de la couverture du roman).
Pour commencer, il faut créer la main qui jaillira du miroir. Nous optons pour de l'argile porcelaine (ininflammable) teintée dans la masse avec des pigments naturels. Le moulage est opéré dans un seau rempli d'alginate, pour un meilleur rendu et une plus grande finesse des détails de la peau. Une fois l'argile sèche, il faut découper l'alginate petit bout par petit bout jusqu'à dégager complètement la sculpture.
Mise en abyme : la main réelle tenant la main moulée.
Début des tests. Des blocs d'argile "témoins", ainsi que des éclats, ont été réservés pour tester les produits inflammables et voir comment réagissent les moulages aux embrasements.
Une fois la main nettoyée, polie ou repeinte par endroits, il faut encore faire des tests pour mesurer la place disponible entre les doigts et la paume, calculer le poids des pièces et de la sculpture pour le collage final, ainsi que le nombre total de pièces qu'il est possible de loger dans le creux de la main.
Désormais, il faut trouver le bon cadrage, la bonne lumière, comment organiser les miroirs et sous quel angle poser l'objectif de nos appareils.
Une fois le cadrage et la direction de la lumière arrêtés, la séance photo peut commencer.
ENTRETIEN AVEC MARGE NANTEL, L'AUTRICE DU ROMAN, dévoilant son travail de création :
L’éditeur : Quelle est la genèse de ce texte ? Quel en a été le point de départ ? Quelle a été la première idée à te venir ?
L’autrice : L’histoire est née un jour d’agonie sur mon canapé, suite à une intoxication alimentaire. Vautrée sur les coussins, j’ai relu Les Trois Mousquetaires… puis tous mes livres de costumes, focalisée sur l’époque Louis XIII, et puis j’ai dessiné un spadassin. Sabhe était né. Comme toujours (à une exception), c’est le personnage qui a fait l’histoire. J’ai voulu découvrir qui il était.
L’éditeur : Quelles ont été tes principales sources d’inspiration ? Dans quel état d’esprit as-tu imaginé cette histoire ? Dans quel contexte ?
L’autrice : L’univers de Dumas, d’Artagnan en tête m’a largement contaminée. Je suis accroc aux films de cape et d’épée avec Jean Marais aussi. En plus, je venais de relire Cyrano de Bergerac de Rostand. J’avais envie d’écrire une histoire de course poursuite et d’aventure, de panache et de duel, où même les voyous sont des gentilshommes.
L’éditeur : En quoi a consisté ton travail de recherche ou de documentation ? Sur quel(s) sujet(s) / thème(s) as-tu travaillé en particulier ?
L’autrice : Je me suis retapée tous les films de Jean Marais + Le prisonnier de Zenda (une de mes scènes de duels préférées, où Stewart Granger et James Mason sont à la fois impeccables de politesse, cools, et hyper brutaux), en bonne costumière, j’ai beaucoup étudié leurs costumes, pioché aussi dans les grandes lignes architecturales du 17e siècle (époque de floraison des hôtels particuliers et de cette pièce si particulière qu’est le salon). À l’époque, je pratiquais un peu l’escrime et je me suis documentée sur l’histoire des armes portées en France, ainsi que sur l’histoire du duel. Pour le volet un peu plus politique et géopolitique, vu que cet univers me suit depuis longtemps, je savais déjà à peu près où j’allais. Même si tous les enjeux ne sont pas clairement exposés dans l’ombre des miroirs, la genèse historique d’Askaar et de ses problèmes frontaliers existe quelque part dans mes brouillons.
L’éditeur : Combien de temps t’a-t-il fallu pour écrire ce texte ? As-tu suivi une méthode spécifique ? Avais-tu un plan précis en tête, ou suivais-tu ton imagination à mesure que l’histoire avançait ?
L’autrice : C’est un des textes que j’ai écrit le plus rapidement, environ deux ans. Quand je commence un texte, en général j’ai les personnages principaux, deux scènes et la dernière phrase. Le jeu, c’est de les relier. Du coup, on peut estimer que j’ai vaguement un plan… Sur ce roman, les chapitres se sont remarquablement bien enchaînés dès le départ. Les blocs d’action se définissaient assez vite. J’ai eu l’impression de trouver rapidement la bonne alchimie entre mes quatre gugusses, à partir de là, s’ils fonctionnaient, l’histoire se mettait en place quasi d’elle-même car leurs réactions étaient évidentes.
L’éditeur : Parle-nous un peu des héros de cette histoire. Comment sont-ils nés ? Et ton regard sur eux a-t-il changé au fil de l’écriture, au-delà de ce que tu avais prévu ?
L’autrice : Sabhe est le catalyseur mais pas le premier né de cette histoire. C’est lui qui a donné le cadre, le contexte. Canopée a suivi, sans que je me souvienne vraiment de la genèse de sa naissance (mais pour l’histoire, je me suis beaucoup amusée des premiers visuels d’Assassin’s Creed, où le « héros » avait un à peu près le look que j’imaginais à Canopée, né dans ma tête pas loin de dix ans plus tôt). Ils sont restés assez égaux à eux-mêmes sur la durée.
Mais d’autres personnages sont plus vieux dans mon esprit : Malakine et Cyal existaient déjà depuis un moment, je m’en étais servie dans un autre texte, qui m’avait permis de cerner un peu Malakine et ses excentricités. Dans l’ombre des miroirs m’a révélée la part sombre de sa personnalité.
Sinewanda existe depuis très longtemps. Même s’il n’apparait finalement que peu, il fait partie des piliers de mon univers, comme le roi des Elfes de Pierre de Lune. Au départ de toutes les histoires que j’écris dans ce monde, il y a trois rois dont les coups d’éclat conditionnent quasiment tout le reste.
Les personnages comme Nève, Adona, Horel, ou même Densalain, l’Elfe qui se fait kidnapper, ont évolué au-delà de mes attentes, jusqu’à prendre un rôle incontournable dans la grille de fond de mon univers. D’ailleurs, Nève comme Den n’ont pas dit leur dernier mot, ils réapparaîtront un jour ou l’autre.
L’éditeur : As-tu eu des surprises lors de la rédaction de ce texte ? Des idées qui ont surgi lors de la phase d’exécution, et auxquelles tu ne t’attendais pas du tout lorsque tu en as commencé l’écriture ?
L’autrice : Les grandes lignes n’ont pas beaucoup bougé, ni les motivations des différentes factions. J’ai eu quelques surprises au niveau des personnages : je ne m’attendais pas à ce que Horel, Adona et Nève, malgré leurs apparitions intermittentes, aient des rôles aussi centraux dans l’intrigue.
Mon vrai moment de surprise, ça a été de comprendre (du coup en même temps que mes héros), l’importance de la bague…
L’éditeur : Quel message cherchais-tu à faire passer à travers cette histoire ? Quel est le propos sous-jacent de ton œuvre ?
L’autrice : Il y a souvent une idée sous-jacente récurrente à la plupart de mes écrits : quel que soit l’emballage, il y a toujours l’idée qu’on ne peut pas revenir en arrière, que les choses ne peuvent pas redevenir « comme avant » et que ce que l’on casse ne retrouvera jamais son intégrité. Référence ici aux ambitions de l’homme à la pipe vis-à-vis du pouvoir et des Disques, mais également à celles de Sinewanda de modifier le rapport de son pays aux contrées limitrophes… aux différents deuils et évolutions des personnages aussi. Ce n’est pas toujours drôle, ni forcément triste, mais il n’y a que le choix d’aller vers l’avant.
L’éditeur : Pourrais-tu partager quelques références (livres, documents, personnalités, musiques, films, sites ou pages internet, etc.) en lien direct avec ce texte, afin que nos Voyageurs Littéraires puissent pousser plus avant leurs recherches et découvrir certaines facettes cachées de ton histoire ?
L’autrice : L’intégralité de l’œuvre d’Alexandre Dumas, bien sûr ! Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, avant lequel « panache » n’avait pas la même saveur. Les Lames du cardinal de Pierre Pevel, Le Scorpion d\'Enrico Marini… tous les films de cape et d’épée des années 50/60, avec leur esthétique particulière et si « propre ». Les jeux vidéo Baldur’s Gate et Neverwinter Nights.
Sur le volet plus technique, L’histoire du costume français de Ruppert Jacques, Croiser le fer de Pascal Brioist, Pierre Serna et Hervé Drévillon, Les épées portées en France de l’antiquité à nos jours de Jean Lhoste, ¨C51C de Pérouse de Montclos…